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25 ans après le rapport Roques : où en sommes-nous ?

08/01/2025
AnthonyAnthony

En 1998, le rapport Roques, rédigé par le professeur Bernard Roques, avait fait l'effet d'une bombe dans le paysage français des politiques de santé publique. En proposant une classification des drogues basée sur leur dangerosité réelle, et non leur statut légal, ce rapport a bouleversé les idées reçues sur les substances psychoactives. L'alcool y était classé parmi les substances les plus dangereuses, aux côtés de l'héroïne et de la cocaïne, tandis que le cannabis apparaissait comme relativement moins nocif.
Aujourd'hui, en 2025, que reste-t-il de ces recommandations ? La France a-t-elle su tirer parti de cette analyse pour repenser ses politiques en matière de drogues et d’alcool ? Ou au contraire, a-t-elle ignoré l'occasion de mettre en place des mesures cohérentes et fondées sur la science ? Revenons sur cet héritage controversé.

25 ans après le rapport Roques : où en sommes-nous ?
Substance        Dépendance physiqueDépendance psychique    Neurotoxicité    Toxicité générale  Dangerosité sociale     
Héroïne (opioïdes)    Très forte     Très forte         Faible        Forte        Très forte          
Alcool          Très forte     Très forte         Forte        Forte        Forte            
Tabac          Forte        Très forte         Nulle        Très forte      Faible            
Cocaïne         Faible       Forte mais intermittente  Forte        Forte        Très forte          
MDMA           Très faible    Forte           Très forte (?)    Éventuellement forteFaible (?)          
Psychostimulants     Faible       Moyenne          Forte        Forte        Faible (exceptions possibles)
Benzodiazépines     Moyenne      Forte           Nulle        Très faible     Faible            
Cannabinoïdes (Chanvre et dérivés)Faible Faible           Nulle        Très faible     Très faible         

Des dangers toujours sous-estimés

Un quart de siècle après la publication du rapport, l'alcool reste une substance omniprésente en France.
Avec plus de 41 000 décès par an liés à sa consommation, selon les dernières études, il reste une des principales causes de mortalité évitable.
Pourtant, les campagnes de prévention semblent toujours en deçà des enjeux. Les politiques publiques peinent à prendre des mesures plus restrictives, notamment face au poids de l'industrie alcoolière, qui reste très influente sur les décisions gouvernementales.

À l’inverse, le cannabis, bien que jugé moins dangereux par le rapport Roques, demeure strictement illégal en France.
Une situation paradoxale alors que plusieurs pays européens, comme l'Allemagne ou la Suisse, ont opté pour une légalisation encadrée, avec des résultats encourageants en matière de santé publique et de réduction des trafics.

Des politiques en décalage avec la science

Le rapport Roques avait souligné l’importance de reclasser les substances en fonction de leur potentiel addictif, de leur toxicité aiguë et chronique, et de leur impact social.
Pourtant, peu de choses ont changé dans les législations françaises. L'alcool, malgré son impact dévastateur, reste peu régulé.
Par exemple, la taxation des boissons alcoolisées reste faible comparée à d'autres pays, et les publicités pour l'alcool continuent de cibler des publics jeunes.

De son côté, le tabac a vu des progrès notables grâce à des politiques de taxation et de prévention ambitieuses.

Mais pourquoi cette stratégie n'a-t-elle pas été appliquée à l'alcool, classé tout aussi dangereux dans le rapport Roques ?

Des défis nouveaux en 2025

Le paysage des drogues a également évolué depuis 1998.
De nouvelles substances, comme les cannabinoïdes de synthèse ou les opioïdes de prescription, ont fait leur apparition, et augmentent les risques pour les consommateurs.

Par ailleurs, la montée en visibilité des boissons alternatives sans alcool offre une opportunité inédite pour repenser la consommation festive.

Dans ce contexte, les recommandations du rapport Roques pourraient être revisitées pour intégrer ces nouvelles réalités.
Une mise à jour du classement des substances psychoactives, prenant en compte ces évolutions, pourrait servir de base pour réorienter les politiques publiques.

Les leçons et perspectives pour l’avenir

Le rapport Roques nous a appris une chose essentielle : les politiques de lutte contre les drogues et l'alcool doivent être guidées par la science, et non par des considérations économiques ou idéologiques.
Si la France veut réduire les méfaits liés aux substances psychoactives, elle devra :

  1. Renforcer les campagnes de prévention sur les dangers de l’alcool, notamment auprès des jeunes.
  2. Encadrer et réguler le cannabis à travers une légalisation responsable.
  3. Mettre en avant les alternatives sans alcool pour réduire la consommation excessive.
  4. S’attaquer aux nouvelles substances psychoactives avec des outils adaptés.

Un quart de siècle après la publication du rapport Roques, il est temps d'en tirer pleinement les enseignements. Les vies sauvées et les souffrances évitées en valent la peine.

Le rapport Roques a du mettre en lumière la dangerosité réelle des substances psychoactives et a jeté les bases d’une réflexion scientifique sur la lutte contre les drogues et l’alcool.
Pourtant, 25 ans après sa publication, la France semble encore hésiter à transformer ces recommandations en politiques ambitieuses.
À l’heure où l’alcool reste la substance la plus meurtrière, où le cannabis est toujours illégal malgré des dangers moindres, et où de nouvelles drogues émergent, l’urgence est réelle.
En revisitant l’héritage du rapport Roques, il est possible de construire une société mieux armée face aux addictions, en mettant enfin la science au service de la santé publique.