Insultant et infantilisant ? Pourquoi les attaques contre le Dry January passent à côté du vrai problème
"Le Dry January, c’est insultant, infantilisant, et proprement insupportable."
Ces mots du maire de Châteauneuf-du-Pape, Claude Avril, ont fait grand bruit. Dans une interview, il critique ce mouvement venu du Royaume-Uni, qui consiste à faire une pause d’un mois sans alcool. Une pratique qui, selon lui, menace la filière viticole et manque de respect pour "l’esprit de responsabilité" des Français. Mais cette critique ne passe-t-elle pas à côté du véritable enjeu ?
Le Dry January : une attaque contre l’art de vivre à la française ?
Il est indéniable que le vin est bien plus qu’une boisson en France : c’est un patrimoine, un symbole culturel et un pilier économique.
Pourtant, les chiffres montrent que la consommation de vin évolue drastiquement, notamment chez les jeunes.
Une évolution générationnelle… et mondiale
Les propos du maire soulignent une peur bien réelle dans le secteur viticole : la baisse de la consommation de vin en France.
Selon l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), la consommation globale de vin en France a chuté de 70% en 60 ans. Chez les 18-35 ans, cette baisse est encore plus marquée : une enquête de 2022 révélait que seulement 30% des jeunes consomment régulièrement du vin, et lui préfére souvent la bière, les cocktails ou les boissons sans alcool.
Un phénomène ou un symptôme ?
Ces changements ne sont pas uniquement liés au Dry January. Ils s’inscrivent dans un mouvement global de recherche de modération, de diversification des choix, et d’attention accrue à la santé.
Si les jeunes générations consomment moins de vin, elles ne rejettent pas pour autant l’art de vivre à la française, mais le réinterprètent à leur manière, en y intégrant des alternatives comme les vins désalcoolisés.
Le Dry January, avec près d’un Français sur quatre qui compte participer en 2025, est un symptôme de cette évolution.
Ce mouvement n’interdit rien et n’attaque personne : il invite simplement à une pause pour réfléchir à sa consommation.
Le choix de s’abstenir temporairement ne nie pas la richesse du vin français, mais propose de l’apprécier différemment, avec plus de conscience et de modération.
Il est également nécessaire de rappeler que** la participation au Dry January ne se traduit pas nécessairement par un rejet définitif du vin**.
Une étude britannique menée sur les participants au Dry January a montré que 72% d’entre eux reprenaient une consommation modérée d’alcool après le défi, avec une meilleure appréciation des boissons consommées.
Cette approche raisonnée pourrait être bénéfique à la filière viticole.
Pourquoi diaboliser le choix personnel ? 😈
Qualifier le Dry January de "proprement insupportable" revient à nier le droit des consommateurs de choisir leur propre relation à l’alcool.
En 2025, près de 25% des Français vont participer à ce défi, selon une étude Ifop. Cela montre un besoin de réappropriation de sa consommation, pas un rejet de la tradition.
Et si, au lieu d’y voir un affront, on voyait dans le Dry January une démarche complémentaire ? Après tout, la modération et la responsabilité sont aussi des valeurs prônées par les défenseurs du vin. Ces deux mouvements ne sont pas opposés mais convergents, chacun à sa manière.
Une opportunité pour le secteur viticole ?
Plutôt que de voir le Dry January comme une menace, pourquoi ne pas y voir une opportunité ?
En se diversifiant avec des vins désalcoolisés de qualité, les vignerons français pourraient répondre à une demande évidente, tout en préservant leur savoir-faire.
Actuellement, des marques comme Pierre Zéro, ou Chavin réussissent déjà à capter cette nouvelle audience, qui valorise le goût et l’expérience sans les effets de l’alcool.
Face à la baisse historique de la consommation de vin, il est temps d’innover.
Proposer des alternatives sans alcool n’enlève rien au prestige du vin, mais élargit son accessibilité, notamment auprès des jeunes et des consommateurs internationaux, plus sensibles à ces tendances.
Une attaque ou une évolution ?
Qualifier le Dry January d’"attaque" revient à nier les transformations sociétales et générationnelles en cours.
Plutôt que de s’y opposer, il serait plus constructif de les accompagner. Après tout, l’art de vivre à la française, c’est aussi savoir s’adapter, se réinventer, et accueillir les nouvelles idées tout en restant fidèle à son essence.
Le vin reste et restera un pilier de notre culture. Mais pour assurer sa pérennité, il doit évoluer avec les consommateurs.
Le Dry January n’est pas l’ennemi de cet art de vivre. C’est une invitation à repenser la manière dont on le partage et le célèbre.
Loin d’être une guerre contre la viticulture, le Dry January est un mouvement personnel et temporaire qui invite à la réflexion.
Il ne s’agit pas d’effacer le vin de nos tables, mais de l’apprécier différemment, avec plus de conscience et de modération.
Alors, plutôt que de voir dans cette tendance une menace, et si on y voyait un outil pour réinventer, moderniser et pérenniser notre art de vivre à la française ?