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Vin ou pas vin ? La controverse autour du Levin fermenté

27/01/2025
AnthonyAnthony

Le Levin, un jus de raisin fermenté sans alcool imaginé par l’œnologue Fabien Gross, suscite actuellement un vif débat au sein du monde viticole.
Présenté comme une alternative innovante aux vins désalcoolisés, il se distingue par un procédé de fermentation inédit, respectueux de l’environnement et sans production d’alcool.
Mais derrière cette démarche écologique, la controverse enfle : certains professionnels dénoncent une tromperie marketing et s’interrogent sur la légitimité d’un tel produit à se rapprocher de l’appellation “vin”. Cette polémique ne laisse personne indifférent, entre les défenseurs de l’innovation et les gardiens des traditions, et pose une question essentielle : peut-on réinventer le vin tout en respectant ce qu'il est ?

Vin ou pas vin ? La controverse autour du Levin fermenté

Qu’est-ce que Levin ?

Le Levin se présente comme une boisson fermentée sans alcool, élaborée exclusivement à partir de raisins bio.
À la différence des vins désalcoolisés, ce produit ne passe par aucun procédé de désalcoolisation. Fabien Gross, à l’origine de cette innovation, a mis au point un levain unique composé de levures non Saccharomyces et de bactéries lactiques, permettant de transformer le sucre des raisins en acide lactique et en CO₂, sans produire une seule goutte d’alcool.

Le résultat ? Une boisson à faible teneur en sucre (seulement 4,8 grammes pour 100 ml) avec des arômes subtils et complexes rappelant certains vins d’élevage : des notes florales, beurrées et citronnées.
Fabien Gross revendique une production totalement naturelle, sans aucun intrant, sulfite ou arôme ajouté, et conditionnée dans des bouteilles réemployables pour un impact écologique réduit. Cette démarche vise à proposer une alternative respectueuse de l’environnement et fidèle aux saveurs du raisin.

Une innovation qui divise 😠

L'’arrivée du Levin sur le marché a provoqué une levée de boucliers parmi les professionnels du vin.
Pour certains œnologues et vignerons, l’utilisation du terme “Levin” est jugée trompeuse et préjudiciable.

"Le principe même de la fermentation est de transformer le sucre en alcool, alors comment peut-on parler de vin sans alcool ?" s’indigne Matthieu Lequeux, œnologue

De son côté, le vigneron Bertrand Gourdou estime que ce produit brouille les lignes et pourrait induire les consommateurs en erreur.

Face à ces critiques, Fabien Gross se défend fermement.
Il rappelle que l’étiquetage informe clairement les consommateurs en précisant qu’il s’agit de raisins bio fermentés sans alcool. Pour lui, Levin n’a pas vocation à usurper l’identité du vin, mais à offrir une alternative crédible aux vins désalcoolisés ou aux jus de raisins classiques, souvent critiqués pour leur qualité et leur faible complexité aromatique. Loin d’être une tromperie, Levin se veut une innovation disruptive qui repense les codes de la fermentation.

Un modèle plus vertueux pour l’environnement

Au-delà des débats sur sa légitimité, le Levin se distingue par une ambition écologique affirmée.
Contrairement aux vins désalcoolisés, souvent produits à l’aide de procédés industriels gourmands en énergie (comme la distillation sous vide ou l’osmose inverse), Levin mise sur une méthode naturelle de fermentation qui n’implique ni extraction ni modification chimique. Fabien Gross insiste sur le fait que son procédé réduit considérablement l’empreinte carbone, notamment grâce à l’absence de sulfites, d’intrants et à l’utilisation de bouteilles réemployables.

Selon ses calculs, le bilan carbone du Levin est 70% inférieur à celui d’un vin désalcoolisé traditionnel. En récoltant des raisins en légère sous-maturité et en évitant les traitements post-fermentation, il offre une solution respectueuse de l’environnement qui s’aligne avec les attentes d'une partie des consommateurs en matière de durabilité.
Cette démarche s’inscrit également dans une réflexion plus large : proposer aux viticulteurs une voie alternative pour diversifier leur production.

Polémique réglementaire et défi marketing

Le choix du nom "Levin" est au cœur de la polémique.
Les détracteurs dénoncent un jeu de mots jugé ambigu, qui pourrait prêter à confusion auprès des consommateurs.
Selon eux, associer ce produit au vin, même indirectement, pourrait violer certaines réglementations et tromper le public.
Fabien Gross, tout en reconnaissant marcher sur un terrain glissant, défend son choix en soulignant que d’autres marques de boissons sans alcool utilisent également des jeux de mots similaires, comme "Chavin" ou "Divin".

Ce flou réglementaire met en lumière un vide juridique : où se situe Levin dans la classification des boissons ? Ni vin traditionnel, ni jus de raisin classique, il reste difficile à catégoriser. Cette ambiguïté complique sa commercialisation et le place sous le feu des critiques, mais elle pourrait aussi constituer un atout marketing en attirant l’attention sur une innovation unique.

Fabien Gross, quant à lui, rejette les accusations de tromperie et revendique une transparence totale : la mention “raisins bio fermentés sans alcool” figure en toutes lettres sur l’étiquette. Cependant, le défi reste de taille pour convaincre un marché encore attaché aux codes traditionnels du vin.

Une réinvention du vin ou une nouvelle catégorie ?

Le Levin soulève une question fondamentale : peut-on parler de vin sans alcool ou s’agit-il d’une boisson entièrement nouvelle ? Si ses arômes complexes et son procédé de fermentation lui confèrent des similarités avec le vin, son absence d’alcool et sa démarche écologique innovante l’éloignent des codes traditionnels. Certains y voient une réinvention audacieuse, quand d’autres plaident pour le classer parmi les boissons fermentées naturelles, au même titre que le kombucha.

Levin s’inscrit dans une tendance plus large de diversification dans le secteur viticole. En offrant une alternative aux vins désalcoolisés, souvent critiqués pour leur manque de caractère, Fabien Gross ouvre la voie à une nouvelle catégorie de boissons qui interpelle aussi bien les amateurs de vin que les adeptes du bio.

Cette démarche soulève sans aucun doute des défis : Levin doit trouver sa place sur le marché sans cannibaliser celui des vins traditionnels ni se perdre dans l’univers des jus de fruits. L’exemple du kombucha Sobaie, également produit par Fabien Gross, montre qu’il est possible de bâtir une niche autour de boissons fermentées innovantes. Reste à voir si Levin saura convaincre à plus grande échelle.

Levin incarne une innovation audacieuse qui bouscule les conventions du monde viticole. À mi-chemin entre tradition et rupture, cette boisson fermentée sans alcool offre une alternative écologique et naturelle aux vins désalcoolisés, tout en soulevant des interrogations sur son positionnement et sa légitimité. Si certains professionnels dénoncent une confusion volontaire et un manque de conformité aux réglementations, d’autres saluent une démarche respectueuse de l’environnement et en phase avec les attentes des consommateurs modernes.

Cette polémique reflète un enjeu plus large : comment concilier l’innovation avec le respect des codes historiques d’un secteur aussi emblématique que le vin ? Levin semble ouvrir une brèche dans le paysage viticole, à la fois prometteuse et controversée. La vraie réponse, comme toujours, viendra des consommateurs eux-mêmes : seront-ils prêts à adopter cette boisson hybride, ou préfèreront-ils rester fidèles aux vins traditionnels ? Une chose est sûre, Levin ne laisse personne indifférent et marque un tournant dans la réflexion sur l’avenir du sans alcool.